Lost in Translation : Étrangers familiers | Antoine Oury
« J’ai passé beaucoup de temps à Tokyo au cours de ma vingtaine et je voulais vraiment faire un film centré sur mon expérience là-bas. »

Lost in Translation, en 2003, a confirmé les talents de cinéaste de Sofia Coppola, bien au-delà de son statut de « fille de ». Ses intuitions esthétiques se doublent d’un sens de la direction plus affirmé, en témoignent les performances inspirées de Bill Murray et d’une jeune Scarlett Johansson. Plusieurs décennies après la sortie du film, celui-ci n’a rien perdu de sa force d’attraction, de sa désarmante sincérité et de sa subtile puissance. Bob et Charlotte sont devenus un couple de cinéma culte, cher aux yeux et aux cœurs des spectateurs. En se basant sur un scénario original fait d’émotions diffuses, nourri par son expérience personnelle, Coppola filme la rencontre imprévisible mais salvatrice de deux égarés, dans un Japon à la fois accueillant et intimidant. Et fait entendre la petite musique mélancolique qui accompagne ce couple de solitaires dans leur éphémère échappée. Ce livre revient sur le processus à l’origine du film, ses thématiques ou encore son rapport à la culture japonaise et à la topographie tokyoïte. Il propose également un entretien avec le responsable de l’incontournable bande originale du film, Brian Reitzell.
Je vais vous parler d’un livre que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire. Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un livre en 3 jours.
Il s’agit non seulement d’un livre, mais aussi d’un récit menant le lecteur à l’intérieur d’un film que j’ai adoré, un film qui se déroule au Japon, Lost in translation.
Je ne me pencherai pas tant sur la valeur littéraire de l’œuvre, mais plutôt sur la façon avec laquelle l’auteur traite du film Lost in translation.
Entre image et musique
Il y a trois thèmes qui ressortent principalement de l’œuvre de Oury : l’image, la musique, et le lien avec le Japon.
Dans la première partie de son analyse, Oury traite beaucoup de culture, mais aussi d’images. Il y a cette section dans laquelle il s’attarde à la façon de présenter Tokyo, afin que le spectateur puisse ressentir la même chose que les personnages et s’imprégner de cette ville d’un point de vue du visiteur américain. Et cette analyse est importante, car Coppola ne montre pas le « vrai » Tokyo, mais plutôt celui que découvre un américain qui arrive sur place. Pour moi, c’est aussi la partie la plus intéressante du livre. Mais là, il s’agit simplement d’une question d’intérêts puisque ce côté culturel m’intéresse particulièrement.
La deuxième moitié du livre traite en grande partie de la musique. En tant que spectateur, on ne remarque pas tant l’importance de la musique dans un film comme Lost in Translation. Et c’est ça qui la rend si efficace. L’auteur se penche donc sur le processus de choix et de composition de la musique, de par la collaboration entre Sofia Coppola et Brian Reitzell. Bien que la musique soit un sujet qui m’excite moins, la façon dont l’auteur traite le sujet permet de comprendre à quel point la trame musicale est importante non seulement dans ce film-ci, mais dans les premiers films de Coppola. C’est d’ailleurs Reitzell qui avait aussi choisi la musique de The Virgin Suicide avec la réalisatrice.
C’est donc à travers la musique et l’image que l’auteur et journaliste promène son lecteur dans l’histoire du film d’une façon captivante, en rappelant certains des meilleurs moments du long métrage. Il s’attarde donc sur la séquence incroyable du tournage de la publicité de whisky pour laquelle Bob (Bill Murray) est à Tokyo. Cette scène est probablement celle qui représente le titre du film de manière la plus concrète et évidente.

Je ne passerai pas à travers tout le livre parce que j’en aurais pour longtemps, mais pendant les 150 pages de l’essai, l’auteur passe à travers le film sans oublier le moindre détail. Et il le fait d’une façon simple et plaisante pour son lecteur.
Le diable est dans les détails
J’ai gardé le thème du lien au Japon, car il s’agit du seul point sur lequel j’ai quelques réserves quant au livre. Lorsque l’auteur fait des liens entre le film et sa création et le Japon, on voit qu’il a bien étudié son sujet. Là où c’est moins flagrant, c’est lorsqu’il touche à des détails qui échappent aux personnes qui n’ont jamais vécu au Pays du soleil levant.
Par exemple, à un moment, il s’intéresse à une scène dans le métro de Tokyo. Il écrit : « … les différences culturelles ne sont que plus flagrantes, voire choquantes, comme lorsque Charlotte pose les yeux sur une bande dessinée érotique lue en toute impunité dans le métro à l’heure de pointe. » Ces magazines dont les pages couvertures donnent l’impression qu’il s’agit d’un truc pornographique sont, en réalité, de simples mangas sur lesquelles on met des couvertures effectivement… très suggestives. Par contre, il a raison de dire qu’il s’agit de quelque chose qui choque les Occidentaux.
Le seul autre point qui me dérange est que l’auteur, en bon Français, n’utilise que les titres traduits, plutôt que d’y ajouter le titre original entre parenthèses afin qu’on puisse y référer si on vit ailleurs que dans l’hexagone. Mais ça, c’est un autre trait culturel, cette fois-ci français.
Mais au-delà de ces deux détails, ce livre se dévore de la première à la dernière page, pour quiconque a vu Lost in Translation, de Sofia Coppola.
Je le suggère vivement.
Merci à LPS de nous avoir permis de retoucher et d’utiliser leur article.
Laisser un commentaire