De la Fontaine, je boirai de ton eau — Le Rat et l’Éléphant
Qui ne connaît pas les Fables de la Fontaine ? Mais saviez-vous qu’il en existe plus de 200? Certaines sont connues de tous, alors que d’autres le sont beaucoup moins. Mais elles sont pour la plupart toujours d’actualité. Chaque semaine, nous vous proposons une réflexion, un regard, sur une des fables de la Fontaine.
Le Rat et l’Éléphant
Contrairement au dire de la fable, il n’y a pas que les Français qui puissent être sots et vains. Si, de l’époque de La Fontaine dans les bourgades françaises, les gens étaient sujets aux inflexions vantardes, la chose est encore bien présente aujourd’hui, et ce, partout dans le monde. C’est tout de même le propre de notre temps que de s’afficher, de se vendre et de s’enjoliver légèrement.

Le Rat est imposant par le nombre. S’il y en avait dix ou même cent, peut-être serait-il menaçant, mais l’Éléphant est loin d’avoir à en faire autant. Injustice, sans doute; mais légitime à endosser les malices, j’en doute. Après tout, ce n’est pas sur le dos du rongeur que se pavanerait un Sultan; et le Rat, lui, aurait-il vraiment voulu s’en remettre à porter l’égo d’un autre, alors qu’il tient déjà si mal le sien?
Nous sommes souvent prompts à critiquer, mais encore plus à nous proclamer roi de la basse-cour ou plus communément appelé « Boss-des-bécosses ». On s’insurge tous pour un tout et pour un rien, sûrement avec raison; et pourtant qu’en savons-nous vraiment? On laisse nos proches nous donner leurs avis sur l’utilisation de notre nouvelle acquisition, ou la manière de se faire les cils, ou comment s’y prendre pour perdre du poids; sans qu’iels soient pour autant expert en la matière.
On pourrait croire que l’Éléphant ne serait guère ébranlé par ces couinements presque inaudibles. Toutefois, qui d’autre que le Rat, aussi petit qu’une souris, pour faire frémir le pachyderme nanti de ces monarques aussitôt renversés? La fable omet cette part de l’histoire, probablement volontairement, mais pas ce moment où Le Chat, au fond bien plus petit que l’Éléphant, bondit et teint embuscade au Rat effrayé.
Qu’il est difficile, parfois, de reconnaître la grandeur lorsque l’on se sent invisible. Pourtant, ce n’est pas la taille qui fait la stature ni les sceptres qui font les rois. Nulle question de notre parure, il en revient davantage à notre nature d’être grand ou petit en soi.
Extrait marquant
« Un Rat des plus petits voyait un Éléphant des plus gros, et raillait le marcher un peu lent de la bête de haut parage qui marchait à gros équipage. »
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