Tête pleine de feuilles – Naissance de la Terre
« Directement derrière la tête de la Tortue. C’est là que la femme a compris que l’infini était un piège. »

Tête pleine de feuilles, c’est une légende qui précède celle de la Femme Tombée du Ciel, le mythe fondateur de la création du monde chez les Wendat. C’est l’histoire d’un bâton qui a fait plusieurs fois le tour de la Terre, bâton de paix, bâton de guerre, avant de devenir arbre. Comment un bâton aussi mystérieux et légendaire a-t-il fini par atterrir à Montréal, au parc Nicolas-Viel?
Avec Tête pleine de feuilles, Jocelyn Sioui propose un conte sur la nature, l’amour et la guerre, accessible aux jeunes lecteurs tout en restant intéressant pour les adultes.
La création de tout

Ce doux conte rempli d’humour raconte un peu la création du monde, mais contrairement aux religions, il le raconte en expliquant que c’est une vraie légende. Mais qu’une légende n’est pas nécessairement vraie. Cet extrait dans lequel l’auteur explique que « vraie légende » n’est pas synonyme de « légende vraie » et que donc ça ne veut pas dire que c’est la vérité, mais seulement la vérité si on décide d’y croire est simplement magnifique.
Mes jeunes lecteurs (après tout, il s’agit d’un roman jeunesse, alors il faut bien que je voie si ça passe auprès du public presque cible) étaient un peu perdu dans cette séquence de vrai et de pas vrai, mais moi j’ai vraiment adoré. Au final, le message semble avoir été compris par les petits lecteurs qui ont accepté de se laisser embarquer dans ce conte.
Il faut tout de même dire que certains passages sont un peu abstraits et qu’un lecteur de 9-10 ans pourrait être un peu perdu. Mais s’il a l’ouverture de lire les notices de bas de page, ou de poser des questions, il va apprécier l’histoire.
Très imagé
Jocelyn Sioui utilise un langage (ou plutôt une écriture) très imagé. Les descriptions laissent une grande place à l’imagination, mais il y a suffisamment de détails pour qu’on puisse bien imaginer la Tortue ou encore le bâton.
Les passages où on parle de la guerre et de la tristesse que ressent l’arbre ne sont pas très subtils, mais vu l’état du monde dans lequel on vit, il est peut-être temps qu’on dise les choses de façon un peu plus directe. Je n’avais jamais, d’ailleurs, vu un conte pour enfants aussi doux malgré les sujets parfois lourds dont il traite.
La guerre n’est jamais décrite comme belle, mais l’auteur réussit à en traiter avec une grande douceur, laissant place aux sentiments que ça apporte à l’arbre plutôt que de décrire les dommages qu’elle crée.
Fondamentalement, Tête pleine de feuilles est un magnifique livre jeunesse qui vaut la peine d’être lu. La mythologie wendate passe bien et s’avère être tout aussi fascinante que celle provenant de Grèce ou de Rome que nous connaissons beaucoup mieux. Vraiment un livre à se procurer!
Laisser un commentaire