JEAN DE LAFONTAINE - Ecrivain

de la Fontaine, je boirai de ton eau – La jeune Veuve

Qui ne connaît pas les Fables de la Fontaine? Mais saviez-vous qu’il en existe plus de 200? Certaines sont connues de tous, alors que d’autres le sont beaucoup moins. Mais elles sont pour la plupart toujours d’actualités. Chaque semaine, nous vous proposons une réflexion, un regard, sur une des fables de la Fontaine.

La jeune Veuve

Lorsque l’on songe aux fables de Jean de la Fontaine, on a souvent l’idée des histoires plus simples et plus enfantines de son répertoire. Une petite morale douce, parfois ironique, sur la nature humaine. Toutefois, ses écrits sont généralement chargés d’un sens beaucoup plus profond que peu veulent lui reconnaître.

La jeune Veuve - de la Fontaine - Gustave Doré
La jeune Veuve – de la Fontaine | Par Gustave Doré

De la Fontaine n’a jamais été du genre à dire tout haut de lui-même qu’il était brillant. Peut-être que dans ces jeunes années sa langue tranchante s’abattait fougueusement comme une hache plutôt qu’avec la finesse d’une rapière (qui de nous ne se souvient pas de l’impétuosité de sa propre jeunesse?), mais la sagesse l’aura amené ailleurs. Pourquoi perdre son temps à se battre quand on peut aller de l’avant? Après tout, qui des deux partis a raison? Seul le temps nous le dira, et peut-être qu’à ce moment nous n’y serons même pas.

La jeune Veuve raconte comment la perte de l’amour en est un grand, mais qui doit passer avec le temps. Après tout, le deuil prolongé nous éloigne progressivement du monde des vivants – donc de la poursuite de notre chemin à nous, ici, sur Terre – et nous conserve dans ce qui fût et n’est plus parmi nous ou, pour le nommer simplement, la mort.

La perte, le chagrin, la mort et la douleur sont des épreuves incontournables de la vie, mais c’est là que se trouve aussi notre résilience. Nous sommes plus forts que nous nous le laissons croire et succombons souvent trop vite à l’abandon et la déprime. Qu’un être cher nous ait quitté n’enlève pas à la vie ce qu’il reste à en expérimenter. Ce n’est pas parce que nous laissons des choses derrière que nous les oublions. En fait, cela nous aide à cheminer, à évoluer et ultimement transcender notre soi inconsolable.

À travers tout ça, l’amour semble bel et bien perdurer au-delà de notre perception immédiate.

Résumer une étape de la vie aussi temporellement élastique et propre à chacun que le deuil n’est certes pas une tâche facile, pourtant cette fable y parvient. La dernière strophe exprime mélancoliquement l’incertitude de la possibilité que l’acceptation ou la consolation puisse effacer les cicatrices. Je crois surtout qu’avec le temps nous apprenons à aimer les marques de ce passage qui au départ semblaient nous déformer. Elles font désormais partie de qui nous sommes comme testament de notre mortalité, notre vulnérabilité, notre force et le souvenir de celles et ceux dont nous avons croisé la route. Pour le meilleur et pour le pire.

Extrait marquant

« Qu’à besoin le défunt que vous noyiez vos charmes? »

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