JEAN DE LAFONTAINE - Ecrivain

de la Fontaine, je boirai de ton eau — Le Loup et l’Agneau

Préface

Depuis longtemps, j’ai cette envie de pouvoir communiquer mon amour particulier pour les recueils Les fables de la Fontaine. Tout jeune, ce fut l’une de mes premières expériences avec la littérature ainsi que les livres audio. À l’époque, lorsque je voulais que l’on me raconte une histoire, j’avais souvent l’envie de mettre la radio-cassette dans le lecteur. Je devais souvent demander à ma mère où elle se trouvait cette fameuse cassette. 

À travers ces histoires, j’avais l’impression de pouvoir apprendre sur une partie du monde qu’il m’était alors plutôt difficile d’expérimenter; l’éveil de la conscience morale et des choix ainsi que des conséquences qui s’y rattachent. J’ai pris connaissance que ces personnages étaient plus que de simples animaux et c’est pourquoi il les nomme toujours avec une lettre majuscule. Ils sont le Renard, la Fourmi comme il est de la Fontaine.

L’apprentissage est aussi un processus que l’on priorise généralement dans l’intimité et même, quelquefois, le secret. De l’enfance à l’âge adulte, notre fierté (et aussi notre égo) nous amène à vouloir intérioriser certains concepts avant d’aller en discuter ou de démontrer nos prouesses à d’autres. Ces fables permettent de regarder certaines réalités encore très présentes – et d’autres un peu oubliées de nos jours – sous un angle différent, souvent plus doux.

Avec le temps, j’ai réalisé que le monde est parfois complexe à expliquer aux enfants qui essaient désespérément et constamment de comprendre, toujours plus. Pourquoi les riches et les pauvres; pourquoi les incultes et les illuminés; pourquoi le soleil et la lune, les chênes et les roseaux, les corbeaux et les renards? Parfois, les adultes n’ont pas toutes les réponses et, d’autres fois, n’en ont aucune. 

À notre ère où il est de plus en plus difficile de se sentir compris les uns des autres, j’espère pouvoir donner une lumière qui saurait éclairer les perdus et les esseulés, des rires à ceux qui l’ont perdu et des pleurs aussi, éveiller l’enfant en celles et ceux qui souhaitent le retrouver et lui permettre de le rester s’il est déjà debout à vos côtés. Essayer de devenir adultes sans avoir peur ou s’en méfier.

C’est pourquoi je suis très heureux de pouvoir vous présenter mon premier article sur Les fables de la Fontaine. Ces réflexions paraîtront de manière hebdomadaire comme une petite pensée pour nous accompagner durant la semaine. 

Jean de la Fontaine mérite selon moi une place importante dans notre culture et mérite aussi qu’on rende hommage à son écho qui se réverbère encore aujourd’hui. 

Le Loup et l’Agneau

Cette fable est intemporelle et est probablement l’une des meilleures pour saisir non seulement le but de cette rétrospective, mais aussi le sens général que je rattache à ces écrits. 

Notre époque est marquée en surcroît par des conflits d’idéologies et de mentalités polarisantes. Soyons honnête, bon nombre d’entre eux sont dû à de la rancoeur et une incapacité quasiment infantile à vouloir faire la part des choses au nom de la paix. Les loups les plus sanguinaires, dit-on, se vêtissent avec de la laine de mouton.

Le mot agression est défini par le dictionnaire comme une « attaque non provoquée, injustifiée et brutale contre quelqu’un, contre un pays ». Quant au terme « victime », disons que le sens est un peu plus large et peut-être parfois galvaudé par celles et ceux qui l’utilisent. Dans cette fable, le loup se positionne comme une victime face à l’agneau. L’agresseur sait qu’il doit être provoqué s’il ne veut pas être celui que l’on pointe du doigt, alors il provoque et cherche le trouble. L’agneau, de son côté, n’ayant pas encore vécu, se demande comment il peut être la source de tous les maux de cet animal féroce et en mériter les foudres (ou les crocs). 

Finalement, l’humain — comme le loup de la fable — est prompt à se trouver des raisons pour utiliser la manière forte. Certains d’entre nous sont des chiens fous qui ne se battent pas pour défendre des causes ou libérer des gens, certains le font pour se battre tout simplement. Lorsque se dresse le drapeau blanc, les voilà déjà à courir le prochain conflit. À ceux-là on a tout fait, et nous, sommes ceux qui avons tout eu. 

Pour le loup affamé, tous les agneaux se ressemblent et tous ceux qui se ressemblent sont les mêmes. L’agneau, aussi doux soit-il, peut-il vraiment rivaliser avec la colère et la haine qui le menacent? Et si cette loi est celle de la nature, est-elle pour autant juste? Et si elle ne l’est pas alors, pourquoi l’appliquer entre nous?

Extrait marquant

« La raison du plus fort est souvent la meilleure. »

***

Un remerciement tout spécial à ma mère qui m’a offert la possibilité de devenir un homme meilleur chaque jour. Ces contes, tout comme elle, je les aimerai toujours, la nuit comme le jour, et tant que je vivrai.

1 commentaire

comments user
Josée Turgeon

Bravo et Merci Samuël ! Tu fais revivre les fables , remet de l’eau fraîche à La Fontaine et permet des pistes de réflexions très 2025 .
À te lire j’entendais la voix d’Albert Millaire . Reconnaissante pour tes bons mots à mon égard !

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