de la Fontaine, je boirai de ton eau — Le Cheval et le Loup
Qui ne connaît pas les Fables de la Fontaine? Mais saviez-vous qu’il en existe plus de 200? Certaines sont connues de tous, alors que d’autres le sont beaucoup moins. Mais elles sont pour la plupart toujours d’actualités. Chaque semaine, nous vous proposons une réflexion, un regard, sur une des fables de la Fontaine.
Le Cheval et le Loup
Il nous arrive d’être opportunistes et de s’imposer en grands connaisseurs ou avec la brillance d’une sophi afin d’en retirer quelques gains. Ces avantages peuvent être d’ordre social, monétaire, matériel, spirituel, mais ils ont tous une chose en commun, nous travestir en ce que nous ne sommes pas pour en retirer ce qui ne nous revient pas.
Ici, le Loup se croit bien malin de s’approcher de monsieur le Cheval alors que ce dernier va d’un pas boiteux en implorant sincèrement de ne vouloir lui prodiguer que les soins nécessaires à sa rémission. Cependant, le prédateur est bien plus habile à la traque et à la dissimulation dans la brousse, qu’à la duperie et à dissimuler ses intentions. Douce ironie que le Loup se prend un sabot dans les dents.
Quelle est la ligne qui divise cheminement et usurpation; ou plutôt, comment s’assurer de ne pas empiéter inutilement là où nos compétences ne sont pas suffisantes? On a tous envie de sauver des vies et d’améliorer le sort du monde, mais on ne se lance pas tête baissée avec un scalpel en main pour opérer à la place d’un chirurgien juste avec rien de plus que de la bonne volonté.
« À chacun son métier et les vaches seront bien gardées » est une expression bien connue des francophones, mais qui est souvent peu comprise et qui fut popularisée sous cette forme par Jean-Pierre Claris de Florian lui-même un fabuliste des années 1700. L’expression nous rappelle qu’il vaut mieux s’en tenir à exercer un métier que l’on maîtrise à la place de s’adonner à des tâches qui nous échappent. Pour exercer un métier, toujours faut-il bien s’y exercer.
Vouloir duper son prochain est une insulte à l’intelligence autant du trompeur que du trompé, car qui des hommes peut réellement se vanter d’être meilleur au point qu’aucun humain ne puisse y reconnaître ses propres actes en son prochain? Si vous vous voyez venir, il y a de fortes chances que l’autre vous voie aussi.
Extrait marquant
« Chacun à son métier doit toujours s’attacher. Tu veux faire ici l’arboriste, mais ne fut jamais que boucher. »
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