Les fables de La Fontaine revues et salées : Quand la sagesse populaire rencontre l’esprit québécois
Oubliez les moralités poussiéreuses et les maximes ennuyeuses! Imaginez plutôt les célèbres fables de La Fontaine, mais passées à la moulinette de l’humour québécois, avec une bonne pincée de sel et une touche d’irrévérence. C’est exactement ce que propose Juliette Clément dans son recueil Les fables de La Fontaine revues et salées, publié en 2001 aux éditions Les Intouchables. Ce livre n’est pas qu’une simple parodie; c’est une véritable ode à la créativité, à la liberté d’expression et, surtout, à un rire libérateur.

Dès les premières pages, on comprend que l’auteure n’a aucune intention de vénérer l’œuvre originale. Au contraire, elle la déconstruit avec brio pour mieux la reconstruire à sa manière, en y insufflant une modernité surprenante et une bonne dose de franc-parler. Les personnages emblématiques – le Corbeau et le Renard, la Cigale et la Fourmi, le Loup et l’Agneau – conservent leurs rôles, mais leurs dialogues et leurs motivations sont revisités avec une audace rafraîchissante. Juliette Clément n’hésite pas à les faire évoluer dans des contextes plus contemporains, à leur prêter des préoccupations bien de chez nous, et à user d’un langage qui fait écho à la réalité québécoise. On y retrouve l’argot coloré, les expressions typiques, et cette verve qui caractérise si bien la culture populaire du Québec.
L’une des grandes forces de ce recueil réside dans sa capacité à faire sourire, voire à provoquer un rire franc, tout en invitant à la réflexion. Si les fables de La Fontaine avaient pour vocation d’enseigner des leçons de morale, celles de Juliette Clément, tout en conservant une forme de sagesse, la transmettent avec un regard critique et souvent décalé sur la société. Les travers humains sont toujours là, mais ils sont dépeints avec une ironie mordante qui pousse à l’autodérision. On se reconnaît parfois dans ces personnages, dans leurs mesquineries, leurs ambitions ou leurs illusions, mais on en rit plutôt que d’en rougir.
Prenez par exemple Le Corbeau et le Renard. Chez La Fontaine, c’est une leçon sur la flatterie. Chez Clément, l’histoire prend une tournure inattendue, où le fromage n’est peut-être pas la seule chose en jeu, et où la ruse peut avoir des conséquences bien plus… salées! Le lecteur est constamment surpris par les chutes inattendues et les rebondissements cocasses. L’auteure joue avec nos attentes, déroute nos certitudes et nous rappelle que rien n’est immuable, pas même les classiques de notre littérature.

Les fables de La Fontaine revues et salées est un livre qui s’adresse à un large public. Bien sûr, ceux qui connaissent les fables originales apprécieront d’autant plus les clins d’œil et les transformations. Mais même sans cette connaissance préalable, on se laisse emporter par l’ingéniosité de l’écriture et l’humour omniprésent. C’est une lecture légère et divertissante, idéale pour se détendre, mais qui ne manque pas de substance. Elle est aussi un témoignage de la vitalité de la langue française au Québec, de sa capacité à se renouveler et à s’adapter, tout en conservant son essence.
En somme, ce recueil est une bouffée d’air frais littéraire. Il nous invite à regarder les choses sous un angle différent, à ne pas prendre la vie trop au sérieux, et à célébrer l’esprit espiègle qui sommeille en chacun de nous. Si vous avez envie de rire, de vous laisser surprendre et de découvrir une plume québécoise audacieuse, alors n’hésitez pas à vous plonger dans Les fables de La Fontaine revues et salées. Vous risquez d’y prendre goût!
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